C’est indéniable, la politique menée par ce gouvernement laissera des traces pour longtemps tant par sa manière de gouverner que par son art de traiter les affaires courantes. A peu près tous issus du milieu des affaires, et non pas du monde politique, ses membres sont peu sensibles au mécontentement du peuple et gèrent le pays comme une entreprise pour laquelle il faudrait trouver des solutions uniquement en termes de rentabilité. De fait, nous avons droit à une politique qui oscille entre les habituelles obsessions de la droite la plus réactionnaire et la doctrine pure et dure de l’ordolibéralisme fanatique, apôtre d’une grande austérité systémique.
Rien ne sera laissé au peuple !
Pas même le principe de prévention. Le gouvernement a géré la pandémie en nous confinant pendant 2 mois, solution léthargique qui nous été imposée en raison des conséquences de la casse du système de santé qui le laissent exsangue et le mettent en difficulté face au risque sanitaire. Ce COVID-19, marqueur incontestable de ce premier quart de siècle, aura permis de démontrer non seulement l’incompétence de nos dirigeants et leur mépris des difficultés éprouvées par le peuple mais, surtout, que la valeur de l’humain n’est rien face à un marché financier en crise.
Mais pourquoi, dans ces conditions, s’étonner d’une telle gestion des affaires de l’État quand on place un président/banquier à la tête d’un pays ? C’est donc tout logiquement qu’il aura, à grand coups « d’effets d’annonces et de phrases creuses » géré cette pandémie, tout en maintenant, bien entendu, les contrats financiers en cours. Malgré cela, à eux seuls, grâce à leur débrouillardise et à leur dévouement, les salariés réquisitionnés, trop souvent démunis matériellement face au virus, ont permis à la France d’en bas de le combattre et de gérer la crise.
Cette épidémie, qui est devenue une pandémie grâce aux coupes budgétaires dans notre système de santé, est à l’image de la gestion de notre pays à forte connotation capitaliste. Pour 2020, l’État accorde 1,7 milliard à la défense et 1,1 milliard à la santé. Que penser alors d’un gouvernement qui donne plus de crédit à la guerre qu’à la santé ? Que peut-on attendre d’un gouvernement qui pense que c’est à chacun d’assumer individuellement ses besoins de soins en fonction de ses revenus, en s’assurant en conséquence auprès de groupes privés financiarisés avides de profits et de juteux retours sur investissements, et qui détruit le système solidaire permettant à tous de se soigner correctement indépendamment de ses moyens, mis en place au sortir de la guerre ? Rien sinon des inégalités croissantes, l’injustice et le mépris pour les plus faibles.
Il serait illusoire de croire que virus et confinement sont loin derrière nous et, de fait, que tous les problèmes d’avant sont oubliés. Même si le monde donne ce sentiment d’un retour à la normal, tous les sujets de lutte restent plus que jamais d’actualité. Il n’y a que les gouvernements de droite ultralibérale pour se réjouir de la tournure des choses. Et soyons sûr qu’ils n’hésiteront pas, de la même façon qu’on banalise le passage en force de lois par ordonnances ou la « négociation » à grand coup de 49-al.3, à reproduire ce schéma dès que bon leur semblera.
Car pour gouverner sans risque, il faut toujours trouver une peur pour contraindre le peuple. Celle d’un virus invisible et aléatoire pour le porteur et surtout aux risques meurtriers, c’est pain béni pour ces opportunistes. Et cela devenait nécessaire pour eux. Voilà un petit moment déjà, en effet, que la peur de l’extrême-droite ne faisait malheureusement plus recette dans le pays. Non seulement car Macron et ses alliés plus ou moins déclarés ont usé jusqu’à la corde la menace du « grand méchant loup » brandie à l’envi au second tour de chaque élection afin de déclencher des votes de barrages qui n’ont de « républicains » que le nom galvaudé qu’ils osent leur donner mais — et c’est certainement le plus grave — car l’autoritarisme et l’intolérance dans lesquels ils drapent leur politique sociale les rangent incontestablement dans le même panier de vipères que la grotesque marionnette pétainiste qui leur sert d’épouvantail. Les Français ne marchent plus et se réfugient majoritairement dans l’abstention mais une part non négligeable semble maintenant hélas tentée de préférer l’original à sa copie, jeu de dupes malsain et dangereux, pour ne pas faire les frais de nouvelles trahisons par ceux qui se prétendent plus respectables. A l’image de ce président Macron, qui ne se réclame d’aucune filiation avec aucun parti politique mais qui a démontré l’incontestable mimétisme de sa politique liberticide et autoritaire avec celle que prône l’extrême-droite, dans la mesure où il pense ne pas devoir de compte aux Français, dont il n’a cure, car il lui suffit d’une majorité relative étriquée, grâce au dégout croissant des Français pour les élections, pour conserver le pouvoir.
Le COVID-19 apparaît donc comme une aubaine qui leur fournit un tout nouveau levier de pression : un virus, un confinement, une ou deux ordonnances d’exception au Code du Travail et le tour est joué. Pour peu que les crises se rapprochent, notre pays restera en état d’urgence permanent et les lois d’exception se transformeront en droit commun. Adieu donc, Liberté, Égalité, Fraternité !
Mais à présent où en sommes-nous ?
Néanmoins une prise de conscience a été observée, amorcée lors des luttes contre la réforme des retraites de l’année passée, puis par la gestion du COVID-19. Plus personne ne pourra dire « je ne savais pas ! ».
Une grande majorité de Français vient de comprendre beaucoup de choses et souhaite bouger. Pas forcément de la manière dont la CGT l’entend mais c’est déjà un pas important. La CGT soutiendra les revendications des travailleurs et des travailleuses, comme elle l’a toujours fait. C’est dans les entreprises que la mobilisation doit se construire, au contact des réalités vécues par les salariés qui, très souvent connaissent déjà et apprécient sa pugnacité et le dévouement de ses militants. Ceux-ci doivent persévérer, expliquer, convaincre, appeler à renforcer l’action syndicale au service des aspirations légitimes des travailleurs et des travailleuses, pour le partage des richesses et la justice sociale. C’est ainsi que, tous ensemble, nous gagnerons la bataille des idées.
Nous savons que cela est à notre portée. La CGT se renforce. Une nouvelle dynamique est née ces dernières années comme en témoigne la hausse régulière des adhésions. Nous sommes donc loin du portrait que dressent de nous les valets du patronat. Non, nous ne sommes pas des illuminés. Nos propositions sont étayées et se placent toujours du côté des intérêts des salariés contre la rapacité du capital. Les gouvernements de droite feignent de ne pas nous entendre et nous traitent de « has-been » alors qu’ils mettent en œuvre, en complices zélés du patronat, le pire mouvement de régression sociale depuis le début du XXième siècle, renvoyant quasiment les droits des travailleurs et des travailleuses à ce qu’ils étaient au XIXième siècle, au commencement de la révolution industrielle. Face à quoi, les propositions de la CGT sont, bien au contraire, d’une incroyable modernité !
Soyons donc fiers de porter nos couleurs, partout et d’abord dans les entreprises. Renforcer la CGT, c’est avant tout se donner une chance de mettre en échec les politiques ultralibérales qui nous étouffent. C’est se donner les moyens de gagner les batailles qui s’annoncent autour des retraites, de l’indemnisation du chômage, de la sécurité sociale, des services publics, de l’industrialisation du pays, etc. Ils n’ont pas renoncé à leur entreprise de destruction ? Ils le disent ouvertement ? Alors, nous non plus, nous ne lâcherons rien !
Et nous saurons déjouer les pièges de la désunion que le gouvernement et ses affidés ne manqueront pas de nous tendre. Notre avenir, celui de nos enfants, celui de notre pays ne saurait se satisfaire de compromissions. Seule la lutte paie ! La CGT est porteuse de nombreuses propositions pour rendre toute leur actualité aux Jours Heureux du Conseil National de la Résistance dont nous sommes et resterons toujours les défenseurs inconditionnels.